Ça vous arrive de rater une photo parce que vous n’aviez pas le matériel adapté ? Je crois que ça arrive à tout le monde, et plus souvent qu’on ne le pense. La raison peut être double: vous n’aviez pas prévu de faire une telle prise de vue et donc vous n’avez pas pris le bon matériel, ou bien vous ne le possédez tout simplement pas.
En photo de rue, il m’arrive bien sûr d’en rater. À vrai dire, j’en rate plus que je n’en réussi. Mais c’est souvent dû à un manque de réactivité ou de préparation, parfois un mauvais de timing. C’est rarement parce que mon matériel n’était pas adapté, c’est généralement par ma faute.
Quand je quitte la rue pour d’autres domaines, je peux me retrouver dans des situations délicates où j’aurais besoin d’une focale plus longue. Il y a quelques jours, en promenant Caly en forêt, j’ai eu la chance de voir un héron planté au beau milieu du lac gelé du Chateau de la Chasse (Saint Prix, 95). Il faisait les dix pas et en se positionnant dans l’axe du soleil qui se reflétait sur la glace, sa silhouette en contre jour était magnifique. N’ayant que le 23mm de mon X100S avec moi, j’ai su immédiatement que je ne pourrais rien faire. Un point noir sur une image. Les 23 petits millimètres ne suffisent pas. Mon objectif Canon 135mm aurait pu faire l’affaire, mais je ne peux pas le prendre en balade, son poids sur le X-E2 rend l’ensemble encombrant et lourds…
Y’a pas que le héron dans la vie ! (Chateau de la Chasse)
Est ce que je dois pour autant me reprocher de ne pas l’avoir pris ? Je ne crois pas ! Parce que je ne vais pas me balader avec mon 135mm en me disant « hey, et si je croise un héron ?! ». Je crois qu’il faut savoir accepter qu’il y aura toujours une photo que l’on ne pourra pas faire, à moins de posséder un parc optique complet et de le prendre en permanence avec soi, au risque de ressembler à un touriste sur le départ. J’aurais aimé pouvoir immortaliser ce héron, j’imaginais un cadrage serré, une image contrastée en noir et blanc pour mettre en valeur sa silhouette, mais j’accepte la règle du jeu, et j’en ai profité pour apprécier la scène, tout simplement.
Parce qu’il ne faut pas oublier que nous regardons à travers nos yeux avant de le faire à travers notre appareil photo. L’image s’imprime dans notre mémoire avant même que l’on ait appuyé sur le bouton, avant que le capteur ait fait son travail. La photographie a l’avantage de pouvoir être partagée et de montrer concrètement ce que l’on a vu, tandis que le souvenir ne peut qu’être raconté, décrit, et au final, imaginé par notre auditeur. Mais voir de nos propres yeux, je crois que ça reste l’essentiel.
Alors au lieu de me dire que j’ai raté une photo, au lieu de me ressasser ce pseudo échec ou de le mettre sur le dos du matériel, je tourne la page et préfère me dire: au moins, je l’ai vu !
« La photo est une histoire de compromis ». Je crois que c’est une des phrases que je comprends le mieux depuis que je fais de la photo. Et un amoureux des focales fixes comme toi ne pourra pas me dire le contraire.
Le choix d’une seule focale nous prive parfois de certaines photos, mais offre bien d’autres avantages : Compacité, luminosité, légèreté, qualité des images, créativité…
Dans ces cas là, tu as fait le bon choix, il faut savoir regarder et apprécier l’instant présent.
Alexandre
Entièrement d’accord avec toi Alexandre 🙂
Parfaitement résumé ! Je pense qu’il faut le savoir dès le départ et on le vit bien au final. Il faut faire des choix et les assumer après. Tu n’as pas pu photographier ce héron, ça n’empêche pas de ramener des photos. A contrario, tu n’aurais pas pu faire certaine photo si tu avec pris ton 135 ce jour-là.
On ne peut pas tout faire mais tant qu’on fait ce qu’on aime (prendre des photos) est-ce que c’est un problème ?
thibaudd Articles récents…Le retour du Markdown
Ce n’est pas un problème pour moi, il suffit d’en avoir conscience 🙂
Effectivement, on est souvent soumis à ce genre de situations. Il faut s’en faire une raison et adapter sa pratique de la photo au matériel qu’on a…c’est frustrant parfois, mais des fois ce sont aussi ces contraintes qui permettent de sortir quelque chose de pas vu.
Et sinon comme tu dis, la photo on se la fait dans la tête, c’est déjà sympa!
Oui voilà, au moins on l’a vu, c’est déjà ça 🙂
Ça m’est déjà arrivé, mais on se fait vite une raison car on repense aux autres fois où l’on était chargé comme une mule, et qu’être plus léger, ça permet de profiter plus de ce qui nous entoure, sans trop nous fatiguer. Et si on est fatigué, on peut aussi avoir une plus grosse flemme à faire des photos, laisser passer des occasions Il faut mieux être efficace sur le long terme ! 🙂
Tout à fait, et puis à contrario, c’est parfois en n’ayant pas le matos idéal qu’on sort une photo originale !
Ça m’arrive aussi… Et je suis bien d’accord. Parfois, je me dis « au moins, j’ai pu voir ce que j’ai vu ». Quitte à ne pas avoir pu le prendre en photo, parce que ce jour-là je n’avais que mon téléphone sur moi…
Content de voir que je ne suis pas le seul 🙂
Très bon résumé de beaucoup de situation. Je me souviens l’époque où je me baladais avec mon DSLR et toutes mes optiques en me disant que je ne louperai rien. Et au final, je ne savais jamais laquelle monter, toujours un soucis de réactivité.
J’en suis arrivé au même raisonnement que toi : partir léger, faire avec ce que l’on a et profiter 🙂
Merci Mickaël ! Partir légers, c’est parfait pour s’éclater !!